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Par Miss Lili1 le 1 Octobre 2006 à 13:36
Ma présence n'est pas ici.
Je suis habillé de moi-même.
Il n'y a pas de planète qui tienne.
La clarté existe sans moi.
Née de ma main sur mes yeux Et me détournant de ma voie L'ombre m'empêche de marcher.Sur ma couronne d'univers, Dans le grand miroir habitable, Miroir brisé, mouvant, inverse Où l'habitude et la surprise Créent l'ennui à tour de rôle.
Paul Eluard
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Par Miss Lili1 le 26 Septembre 2006 à 12:33
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.Paul Eluard
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Par Miss Lili1 le 25 Septembre 2006 à 07:46
Ne laisse pas le soin de gouverner ton coeur à ces tendresses parentes de l'automne auquel elles empruntent sa placide allure et son affable agonie. L'oeil est précoce à se plisser. La souffrance connaît peu de mots. Préfère te coucher sans fardeau: tu rêveras du lendemain et ton lit te sera léger. Tu rêveras que ta maison n'a plus de vitres. Tu es impatient de t'unir au vent, au vent qui parcourt une année en une nuit. D'autres chanteront l'incorporation mélodieuse, les chairs qui ne personnifient plus que la sorcellerie du sablier. Tu condamneras la gratitude qui se répète. Plus tard, on t'identifiera à quelque géant désagrégé, seigneur de l'impossible.
Pourtant.
Tu n'as fait qu'augmenter le poids de ta nuit. Tu es retourné à la pêche aux murailles, à la canicule sans été. Tu es furieux contre ton amour au centre d'une entente qui s'affole. Songe à la maison parfaite que tu ne verras jamais monter. A quand la récolte de l'abîme? Mais tu as crevé les yeux du lion. Tu crois voir passer la beauté au-dessus des lavandes noires...
Qu'est-ce qui t'a hissé, une fois encore, un peu plus haut, sans te convaincre?Il n'y a pas de siège pur.
René Char
Le poème pulvérisé (1945-1947)
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Par Miss Lili1 le 13 Septembre 2006 à 21:57
Quand ton col de couleur rose
Se donne à mon embrassement
Et ton oeil languit doucement
D'une paupière à demi close,
Mon âme se fond du désir
Dont elle est ardemment pleine
Et ne peut souffrir à grand'peine
La force d'un si grand plaisir.
Puis, quand s'approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne,
Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitement folâtrent et nouent,
Eventent mes douces ardeurs,
Il me semble être assis à table
Avec les dieux, tant je suis heureux,
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable.
Si le bien qui au plus grand bien
Est plus prochain, prendre ou me laisse,
Pourquoi me permets-tu, maîtresse,
Qu'encore le plus grand soit mien?
As-tu peur que la jouissance
D'un si grand heur me fasse dieu?
Et que sans toi je vole au lieu
D'éternelle réjouissance?
Belle, n'aie peur de cela,
Partout où sera ta demeure,
Mon ciel, jusqu'à tant que je meure,
Et mon paradis sera là.
Joachim du Bellay
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Par Miss Lili1 le 12 Septembre 2006 à 00:13
Jeune ange aux doux regards, à la douce parole,
Un instant près de vous je suis venu m'asseoir,
Et, l'orage apaisé, comme l'oiseau s'envole,
Mon bonheur s'en alla, n'ayant duré qu'un soir.
Et puis, qui voulez-vous après qui me console ?
L'éclair laisse, en fuyant, l'horizon triste et noir.
Ne jugez pas ma vie insouciante et folle ;
Car, si l'étais joyeux, qui ne l'est à vous voir ?
Hélas ! je n'oserais vous aimer, même en rêve !
C'est de si bas vers vous que mon regard se lève !
C'est de si haut sur moi que s'inclinent vos yeux !
Allez, soyez heureuse ; oubliez-moi bien vite,
Comme le chérubin oublia le lévite
Qui l'avait vu passer et traverser les cieux !
Alfred de Musset
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